Dans cet article, nous vous proposons d’explorer le lien étroit qui existe entre la difficulté et l’inconfort. En effet, il nous semble que les utiliser en connaissance de cause et en conscience, peut :
- nourrir des échelles d’inférence positives plutôt que négatives,
- accéder au langage du corps,
- et ouvrir des portes de développement individuel et/ou collectif.
Alors, préparez-vous à un voyage entre sémantique et ressenti.
Que dit le Larousse?
Commençons par quelques définitions. La définition stricte de ces 2 mots est la suivante.
- “Difficile”: Qui n'est pas facile à réaliser, qui exige des efforts importants; ardu ou malaisé.
- “Inconfortable”: Qui donne un sentiment de gêne ; embarrassant.
Que dit Wikipédia du confort ?
« Le confort désigne de manière générale les situations où les gestes et les positions du corps humain sont ressentis comme agréable (état de bien-être) ou excluant le non-agréable ; où et quand le corps humain n'a pas d'effort à faire pour se sentir bien. Le confort est un sentiment de bien-être qui a une triple origine (physique, fonctionnelle et psychique). C'est une des composantes de la qualité de vie, de la santé et donc de l'accès au développement humain. Il intéresse les économistes, les employeurs et l'organisation du travail car il influe aussi sur la productivité des groupes et des individus. »
Une difficulté démotivante?
Nous le savons tous, changer est compliqué. Ancrer certains comportements, postures, apprentissages ou expériences comme étant difficiles peut les rendre d’autant plus insurmontables, ardus, chronophages ou énergivores et donc moins attirants.
Ainsi, qualifier quelque chose de difficile peut créer de la lourdeur, du découragement, de la fermeture. Même si pour certains la difficulté est un moteur, un challenge positif.
A terme, cela pourra réduire l’envie de développer les compétences, de les expérimenter à nouveau ou de les pratiquer.
Regarder la difficulté par la serrure du confort
Changeons maintenant de vocabulaire et remplaçons “difficile” par “inconfortable” et voyons ce que cela donne.
“Lors d’une formation, les participants sont invités à un exercice d’inclusion. Celui-ci consiste à former des binômes et, en silence, se connecter à son énergie et à aller à la rencontre de celle de l’autre. En méta, Anne, une participante, témoigne : « c’était difficile pour moi ». La formatrice lui demande si c’était difficile ou inconfortable. Anne formule quelques courtes phrases et prend conscience du shift d’énergie lorsqu’elle passe d’un mot vers l’autre : « Au fait l’exercice était facile et il m’a mise en inconfort. C’est intéressant. Cela m’ouvre des pistes de réflexions et de développement. »
On voit clairement qu’ouvrir la porte du confort dévoile, en réalité, d’autres horizons, celui du bien-être, d’abord et celui du « se sentir bien » et donc du corps, ensuite.
La question de « facile ou difficile » n’est ici absolument pas effacée. Mais y accrocher la notion de confort permet d’identifier les combinaisons « facile et inconfortable » qui peuvent être des endroits de développement personnel intéressants.
Ouvrir de nouveaux questionnements
Au travers de ces nouveaux horizons, d’autres questions sont dès lors possibles.
“Où ai-je ressenti cet inconfort ?”, “de quoi ai-je besoin pour me sentir bien ?”, “qu’est-ce que je sais déjà de cet inconfort ?”, “comment puis-je prendre soin de moi à cet endroit ?” mais aussi, “est-ce que je peux soutenir cet inconfort ? ou “comment évolue-t-il ?”
Un nouvel espace de jeu s’ouvre ainsi à nous de la façon la plus naturelle qui soit.
Un pied dans la zone
Mais ce n’est pas tout. La combinaison “difficile/inconfort” nous amène également, aux concepts de « zone de confort » et « zone d’inconfort ».
« Sortir de ta zone de confort c’est être acteur de sa vie, y rester c’est en être spectateur. » Nanan-akassimandou
Le concept de “zone” introduit, ainsi, une nouvelle dimension moins sémantique, à la réflexion. En réalité, cette dimension est dite “systémique” ou de groupe car elle s’inscrit dans une environnement et un contexte.
« Une bonne partie de ce que vous voulez dans la vie est en dehors de votre zone de confort. » Idowu Koyenikan
La zone permet de définir un périmètre clair de l’inconfort, limitant les impacts de la difficulté à ce même périmètre. Il permet d'appréhender l’inconfort dans un cadre restreint et ainsi d’en voir tant le début que la fin. Mieux, la difficulté peut être maintenant perçue comme une frontière à dépasser, comme un défi personnel ou de groupe.
Ce qui était au début un démotivateur, est maintenant, une ambition, un moteur.
« Sortir de votre zone de confort est supposé être inconfortable parce que nous sommes dans un territoire nouveau et inconnu. Être mal à l’aise est un signe de réussite, PAS d’échec! Donc, si nous sommes inconfortablement en dehors de nos zones de confort, alors cela signifie que nous grandissons. Et CELA est un motif de fête! ». Roz Savage
A vous de jouer !
Nous le voyons maintenant. Ouvrir la porte au facile qualifié de (temporairement) inconfortable permet d’ouvrir des champs de possibles, de l’évolution et du mouvement. Alors il ne vous reste plus qu’une chose à faire. Testez-vous aussi cette approche, posez-vous la question de vos défis et tentez d’en modifier la perception que vous et vos équipes en avez.
N'hésitez pas aussi à nous revenir et nous parler des difficultés que vous avez à changer cet état de fait qu’est la difficulté. Echanger c’est progresser… alors n’hésitez pas.
Article d' Isabelle Dubois & Delphine Brasseur